Open: Tue-Sat 11am-7pm

44 rue Quincampoix, 75004, Paris, France
Open: Tue-Sat 11am-7pm


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Anton Alvarez, Oli Epp: Sweet Tooth

Semiose, Paris

Sat 22 Mar 2025 to Sat 10 May 2025

44 rue Quincampoix, 75004 Anton Alvarez, Oli Epp: Sweet Tooth

Tue-Sat 11am-7pm

Artists: Anton Alvarez - Oli Epp

version française ici

Installation Views

The term “sweet tooth” describes a preference for sugary treats like candies, sometimes extending to a general taste for pleasure and indulgence. In the visual sphere, a preference for “eye candy” usually implies an irresistible attraction toward an enhanced, exaggerated, or plasticized version of reality. In their homonymous two-person exhibition at Semiose, Anton Alvarez and Oli Epp proudly embrace their “sweet-toothedness” through a painting and sculpture presentation. Drawing from Pop Art’s use of bright colors, sharp graphic imagery, and exaggerated finishes, they expose their (and our) compulsive attachment to consumerist aesthetics, the allure of design and technology, and our inherited bedazzlement with shiny, colorful things. Through multiple layers of tension and harmony between conflicting and compatible traits of their respective practices, mediums, mind sets, and concepts, the two artists are also suggesting that eye candy is not just a simple form of attraction or aesthetic pleasure but a complex phenomenon deeply embedded in the commodification of the human experience.

Arguably dominating the presentation is Epp’s The Snail (2025), a homage to Henri Matisse’s large-scale gouache découpée, L’Escargot [The Snail] (1953), a work that is often cited as an example of redefining abstraction and bridging painting and sculpture through collage. Using one of the most famous late pieces by one of the undisputed masters of 20th-century art as the formal guideline, the London-based artist constructs that distinctive synergy between traditional realism elements and the synthetic, balloon-like shapes or graphic flat planes. The bold orange, green, blue, red, and purple are used initially as an expressive force in an otherwise clean, graphic image and a way to break with historical realism. By reimagining these solid, gouache-painted paper cut-outs as lustrous jewels, Epp blends opulence and irony, transforming a humble creature into a dazzling symbol of desire and excess. Artificially mounted on a tongue-poking, cartoonish protagonist, this realistic “bling” forms a cheeky critique of consumerist values while cherishing the interplay of nature and artifice. Rendered as a trompe-l’oeil accessory, these gems almost float above the image, as if ready for consumption and enjoyment by the observer. With its surreal concept, the work also taps into the artist’s ongoing interest in fragility, transformation, and playful decadence, not missing the chance to tie the presentation to its location with the image of a French culinary delicacy and a metaphor for slow, deliberate living.

This sense of playful decadence and the influence of Matisse’s simplified use of Modernist colors are some of the key qualities exhibited in Alvarez’s works featured in the presentation. The Chilean-Swedish artist fabricates his ceramic sculptures using a self-built machine, The Extruder. This innovative approach to ceramics and sculpture blends automation and manual intervention, producing pieces that resemble melting or morphing artifacts or pillars. Purposely stepping away from the traditional hand-building or wheel-throwing techniques, chance and material behavior play a significant role in these works’ final form. While the technical aspects of the process are carefully calculated and planned, the final execution, from shaping to selecting glazes, follows a more intuitive approach—much like Matisse’s use of color. Alvarez’s process allows for a full spectrum of expression within the extremely limiting and unconventionally removed way of creating. This results in confusingly rigid yet seemingly soft, organic-like forms that rely on the evident synergy of industrial production and traditional craft. Honoring the limitations regarding available glazes, the color of individual work aims to emphasize its shape and/or create an illusion about the material used. As such, particular examples might appear as if done with Play-Doh-type material, suggesting this odd blend of splendor and absurdity. Moving away from classical forms toward modern technology, design, and eye candy-like values, Alvarez’s work aligns with and emphasizes the core ideas behind both practices while exploring and promoting the ever-changing concept of beauty.

With aligned and complementary interests, Epp and Alvarez pushed each other to conceive and produce works that distil a range of ideas into a more minimalist but highly complementing visual format. Although their works may appear distinct at first glance, their shared concepts suggest how intricately linked and almost uniform we are in contemporary society. Through aesthetics that rely on flattened or morphed forms, exaggerated proportions, and intense surfaces—either glossy or matte—both artists produce enticing, overindulgent works whose artificial appeal evokes candy-like nature. Such bright, shiny, sugar-coated allure is meant to evoke childhood, nostalgia, and an almost dopamine-like response, making the viewer both drawn in and perhaps slightly overwhelmed. Like biting into a scrumptious candy and feeling that humbling sugar sting, these saccharine aesthetics are intentionally designed to captivate the viewer, only to expose the deeper truths beneath—how visual appeal has been commodified in modern society, shaping our perceptions of value, beauty, and identity.

Saša Bogojev

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Le terme sweet tooth, ou « bec sucré » (les Québécois disent « dent sucrée ») décrit une préférence pour les friandises telles que les bonbons, le qualificatif de « sucré » s’étendant parfois à un goût général pour le plaisir et l’indulgence. Dans la sphère visuelle, une inclination pour les « bonbons pour les yeux » implique généralement une attirance irrésistible pour une version améliorée, exagérée ou plastifiée de la réalité. Dans leur exposition homonyme chez Semiose, Anton Alvarez et Oli Epp embrassent fièrement leur « gourmandise » à travers un ensemble de sculptures et une peinture. S’inspirant de l’utilisation par le Pop Art de couleurs vives, d’images graphiques tranchantes et de finitions exagérées, ils exposent leur attachement compulsif (et le nôtre) à l’esthétique consumériste, à l’attrait du design et de la technologie, et à notre naturelle fascination pour les choses brillantes et colorées. À travers les multiples strates de tension et d’harmonie entre les traits contradictoires et compatibles de leurs pratiques, médiums, mentalités et concepts respectifs, les deux artistes suggèrent également que le plaisir des yeux n’est pas une simple forme d’attirance ou de plaisir esthétique, mais un phénomène complexe profondément ancré dans la marchandisation de l’expérience humaine.

L’œuvre The Snail (2025) d’Oli Epp domine sans conteste l’exposition. Il s’agit d’un hommage à la grande gouache découpée d’Henri Matisse, L’Escargot (1953), une œuvre souvent citée comme exemple de redéfinition de l’abstraction et de rapprochement entre la peinture et la sculpture par le biais du collage. En utilisant comme ligne directrice formelle l’une des plus célèbres œuvres tardives de l’un des maîtres incontestés de l’art du XXe siècle, l’artiste londonien construit cette synergie distinctive entre des éléments traditionnels du réalisme et des formes synthétiques, en « ballon » ou aplats graphiques. Les audacieux orange, vert, bleu, rouge et violet sont utilisés d’abord comme une force expressive dans une image par ailleurs épurée et graphique, et comme un moyen de rompre avec le réalisme historique. En ré-imaginant ces puissants découpages de papier gouaché comme des bijoux brillants, Epp mélange opulence et ironie, transformant une humble créature en un éblouissant symbole de désir et d’excès. Monté artificiellement sur un protagoniste caricatural à la langue bien pendue, ce « bling » réaliste constitue une critique insolente des valeurs consuméristes, tout en appréciant l’interaction entre nature et artifice. Peintes en trompe-l’œil, ces pierres précieuses flottent presque au-dessus de l’image, comme si elles étaient prêtes à être consommées et appréciées par l’observateur. Avec son concept surréaliste, l’œuvre s’inscrit également dans l’intérêt constant de l’artiste pour la fragilité, la transformation et la décadence ludique, ne manquant pas l’occasion de lier l’œuvre à son contexte, ici avec l’image d’une spécialité culinaire française et la métaphore d’une vie lente et réfléchie.

Ce sens de la décadence ludique et l’influence de la palette simplifiée des couleurs modernistes de Matisse sont quelques-unes des principales qualités des œuvres d’Anton Alvarez présentées dans l’exposition. L’artiste chilien et suédois réalise ses sculptures en céramique à l’aide d’une machine qu’il a lui-même construite, l’Extrudeuse. Cette approche innovante de la céramique et de la sculpture mêle automatisation et intervention manuelle, produisant des œuvres qui ressemblent à des artefacts ou à des piliers en train de fondre ou de se transformer. S’éloignant délibérément des techniques traditionnelles de modelage ou de tournage, le hasard et la mécanique des matériaux jouent un rôle important dans la forme finale de ces œuvres. Si les aspects techniques du processus sont soigneusement calculés et planifiés, l’exécution finale, du façonnage à la sélection des glaçures, suit une approche plus intuitive – à l’instar de l’utilisation de la couleur par Matisse. Le processus d’Alvarez permet une gamme complète d’expression dans le cadre d’une méthode de création extrêmement limitée et non conventionnelle. Il en résulte des formes confusément rigides, mais apparemment douces et organiques, qui reposent sur la synergie évidente de la production industrielle et de l’artisanat traditionnel. Respectant les limites des glaçures disponibles, la couleur de chaque œuvre vise à souligner sa forme et/ou à créer une illusion sur le matériau utilisé. Ainsi, certaines peuvent sembler avoir été réalisés avec des matériaux de type pâte à modeler, suggérant ce mélange étrange de splendeur et d’absurdité. S’éloignant des formes classiques pour s’orienter vers la technologie moderne, le design et les qualités qui flattent l’œil, les œuvres d’Alvarez adoptent et accentuent les idées fondamentales qui sous-tendent les pratiques des deux artistes, tout en explorant et en promouvant le concept de beauté, en constante évolution.

Avec des intérêts alignés et complémentaires, Epp et Alvarez se sont encouragés mutuellement à concevoir et à produire des œuvres qui distillent un éventail d’idées dans un format visuel plus minimaliste mais très complémentaire. Bien que leurs œuvres puissent sembler distinctes à première vue, leurs concepts communs suggèrent à quel point nous sommes étroitement liés et presque uniformisés dans la société contemporaine. Grâce à une esthétique qui repose sur des formes aplaties ou morcelées, des proportions exagérées et des surfaces intenses – brillantes ou mates –, les deux artistes produisent des œuvres séduisantes et gourmandes, dont l’attrait artificiel évoque la nature d’un bonbon. Cette séduction brillante et sucrée est censée évoquer l’enfance, la nostalgie et une réaction presque dopaminergique, qui attire le spectateur et le submerge peut-être un peu. Comme de croquer dans un délicieux bonbon et ressentir cette humiliante piqûre de sucre, cette esthétique douceâtre est intentionnellement conçue pour captiver le spectateur alors qu’elle ne fait qu’exposer les vérités plus profondes qui se cachent derrière : comment l’attrait visuel a été transformé en marchandise dans la société moderne, façonnant nos perceptions de la valeur, de la beauté et de l’identité.

Saša Bogojev

Courtesy Semiose, Paris. Photo: Aurélien Mole

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