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Ymane Chabi-Gara: Un petit morceau d’étoffe violette

Mennour, r. Saint-André des arts, Paris

Artist: Ymane Chabi-Gara

version française ici


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Another way of seeing

I love light colours. The colour of vines, soft green, the colour
"cherry blossom", the shade of "red plum blossom"
All pale colours are attractive. I like red, the colour "wisteria".
In summer, I favour purple; in autumn, the shade "parched moor".
I like skirts with ocean-coral patterns on them. Overskirts. In spring,
I like the shade "azalea", the colour "cherry blossom". In summer,
I like “green and dead-leaf" or "dead-leaf" coloured jackets.
— Sei Shōnagon, The Pillow Book

It may seem surprising that Ymane Chabi-Gara has, for a long time now, used the hikikomori phenomenon which appeared in Japan in the 1990s as a thematic springboard for her painting. Hikikomori, which translates as 'pulling inward, being confined' in Japanese, is also known as a form of 'acute social withdrawal'. The condition affects teenagers and young adults unable to cope with the educational or professional world and who remain secluded in their homes. This phenomenon has generated abundant literature on the economic, social, cultural and psychiatric factors that come into play. Above all, it reflects a form of invisibility, since there are barely any requests for help and care. In recent years, however, this invisibility has been counteracted by photo and film documentaries which bear witness to the rich iconographic potential of the often cramped interior spaces in which people affected by the mysterious disorder isolate themselves. The accumulation of objects resulting from what can be compared to a Diogenes syndrome has provided Ymane Chabi-Gara with of a rich variety of patterns and designs. It is not so much the hikikomori and their various psychiatric conditions that interest her—at least not as far as her paintings are concerned, which tend to neutralise bodies and faces— as the compulsive hoarding that characterises those affected.

Ymane Chabi-Gara loves objects. She loves painting them even more. She selects them from shots gleaned from the Internet or from scenes photographed during her peregrinations across Tokyo. The hikikomori are not her only source of inspiration. She has also drawn on other environments saturated with material; second-hand clothes shops for example have provided inspiration for some of her most recent paintings. She alters or customizes the objects, sometimes even making them disappear and replacing them with others from her imagination. It becomes clear, when we follow the various processes to which Ymane Chabi-Gara subjects the objects she has photographed, that what really matters to her is to convert them into a painterly matter. To organise and structure the surface. To (re)negotiate the palette of colours. To trigger a transformation. Or rather transformations, given that the same motif can give rise to multiple variations and parallax effects that allow her to modify the configuration and the juxtapositions of the objects represented. In the manner, as it were, of a scene described from several points of view. One is reminded of Akira Kurosawa's Rashômon. And of all the works of art that teach us another way of seeing reality. A screen made from a single sheet. A three-legged screen. A highly decorated provisions bag. An umbrella.

— Erik Verhagen

YMANE CHABI-GARA is a painter born in Paris in 1986. She lives and works in Montreuil.

Graduated from La Cambre in Brussels in 2008 and the Beaux-Arts de Paris in 2020, she was awarded several international prizes such as the International Grand Prix of the Takifuji Art Award, Japan, 2020, the Rose Taupin-Dora Bianka Prize as well as the Sisley Beaux-Arts de Paris Prize in 2021. She was nominated for the Reiffers Art Initiatives grant, and for the Révélations Emerige grant. Her work was exhibited in several collective exhibitions such as “Fireplaces” by the Révélations Emerige 2021 Grant in Paris and Toulon, the Centre Wallonie-Bruxelles, Brussels and Palais de Tokyo, Paris. Her first solo show was inaugurated as part of the Sisley Beaux-Arts de Paris pour la Jeune Création Prize in 2021. In 2022, she will participate in the “100% L’EXPO” exhibition, at La Villette, Paris.

Isolation, solitude, the body in relation to the world and to the condition of being social are the main subjects of Ymane Chabi-Gara’s paintings. They represent individuals, alone or in small groups, in universes and situations that mirror their interiority. Domestic spaces and industrial wastelands serve as a support for the narrative, guided by formal and colored impressions. At first, a very detailed drawing determines the structure of the composition. Then the experience of painting for its own sake, opens sensitive and pictorial possibilities. The body, always at the center of her preoccupations, serves as a point of convergence towards which all experience tends and finds meaning. The body of others but also, recently, her own body. This staging of herself touches on both the singularity of the intimate and the solitude as an archaic and universal feeling.




Revoir autrement

J’aime les couleurs claires. La couleur de la vigne, le vert tendre, la teinte « cerisier », la nuance « prunier rouge », toutes les couleurs claires sont jolies. J’aime le rouge, la couleur « glycine ». En été, je préfère le violet ; en automne, la teinte « lande desséchée ». J’aime les jupes sur lesquelles sont dessinés les coraux de la mer. Les jupes de dessus. Au printemps, j’aime la nuance « azalée », la teinte « cerisier ». En été, j’aime les vestes « vert et feuille-morte », ou « feuille-morte ». —
Sei Shōnagon, Notes de chevet

Que le phénomène hikikomori, apparu dans les années 1990 au Japon, serve depuis de nombreuses années de tremplin thématique à l’activité picturale de Ymane Chabi-Gara peut sembler étonnant. Synonyme de retrait social d’adolescents ou de jeunes adultes inadaptés à l’insertion éducative ou professionnelle et cloîtrés chez eux, cet « état » a généré une littérature abondante liée aux facteurs économique, social, culturel et psychiatrique qui entrent en jeu. Mais il traduit surtout une forme d’invisibilité due à une absence de demande de prise en charge. Or cette invisibilité a été ces dernières années relayée et contrebalancée par des documentaires, photo- et cinématographiques, qui témoignent du riche potentiel iconographique propre à ces espaces intérieurs, souvent exigus, où se confinent les personnes concernées par ce mal mystérieux. L’accumulation d’objets tributaire d’un syndrome de Diogène offre en effet à Ymane Chabi-Gara un vivier inespéré en matière de motifs et d’agencements. Ce ne sont en conséquence pas tant les hikikomori et leur éventail psychiatrique qui intéressent l’artiste — du moins pas dans le cadre de ses exercices de traductions picturales qui ont tendance à neutraliser corps et visages — que la syllogomanie qui les caractérise.

Ymane Chabi-Gara aime les objets. Elle aime encore plus les peindre. Les sélectionner au sein de clichés glanés sur Internet ou de scènes photographiées au gré de ses pérégrinations tokyoïtes. Les hikikomori ne constituent effectivement qu’une partie de ses sources, complétées depuis par d’autres environnements tout aussi saturés d’objets à l’instar des friperies qui ont servi de prétextes à ses dernières peintures. Les sélectionner donc. Mais aussi les altérer ou les personnaliser. Voire provoquer leur disparition pour mieux les substituer par d’autres, sortis de son imagination. On comprend dès lors en suivant les différentes étapes auxquelles elle soumet ses objets photographiés que ce qui importe réellement à Ymane Chabi-Gara est de les convertir en substance picturale. D’organiser et de structurer la surface. De (re)négocier la palette chromatique. D’opérer une transformation. Des transformations étant donné qu’un même motif peut donner lieu à de multiples variations et des effets de parallaxe lui permettant de modifier les configuration et conjugaison d’objets représentés. Un peu à la manière d’une scène qui aurait été décrite à partir de plusieurs points de vue. On songe au Rashômon de Akira Kurosawa. Et à toutes les œuvres d’art qui nous apprennent à revoir la réalité autrement. Un paravent d’une seule feuille. Un écran de trois pieds. Un sac à provisions bien décoré. Un parapluie.

— Erik Verhagen

YMANE CHABI-GARA est une peintre née en 1986 à Paris. Elle vit et travaille à Montreuil.

Diplômée de l’ENSAV La Cambre à Bruxelles en 2008 et des Beaux-Arts de Paris en 2020, elle est lauréate de plusieurs prix internationaux tels que le Takifuji Art Award Japan 2020, le prix Rosec Taupin-Dora Bianka 2021, ainsi que le prix Sisley Beaux-Arts de Paris pour la Jeune Création 2021. Ymane Chabi-Gara a été nommée pour la bourse Reiffers Art Initiatives, et la bourse Révélations Emerige 2021. Ses oeuvres ont notamment été présentées lors de l’exposition collective « Fireplaces » de la Bourse Révélations Emerige, Paris-Toulon, 2021, au Centre Wallonie-Bruxelles, et au Palais de Tokyo à Paris. Sa première exposition personnelle a été inaugurée dans le cadre du prix Sisley Beaux-Arts de Paris pour la Jeune Création 2021. En 2022, elle participera à l’exposition « 100% L’EXPO » à La Villette, Paris.

L’isolement, la solitude, le corps en rapport avec le monde et avec la condition d’être social sont les sujets centraux des peintures d’Ymane Chabi-Gara. Elles représentent des individus, seuls ou en groupes restreints, dans des univers et des situations miroirs de leur intériorité. Espaces domestiques et friches industrielles servent de support à la narration, guidée par des impressions formelles et colorées. Ymane Chabi-Gara détermine la structure de la composition par un dessin minutieusement détaillé. À partir de ces trames, l’expérience de la peinture pour elle-même ouvre des possibilités sensibles. Le corps lui sert de point de convergence vers lequel toute l’expérience tend et trouve du sens. Le corps des autres mais aussi, depuis peu, son propre corps. Cette mise en scène d’elle-même aborde à la fois la singularité de l’intime et la solitude comme sentiment archaïque et universel.

Exhibition views « Ymane Chabi-Gara, Un petit morceau d’étoffe violette », kamel mennour (47 rue Saint-André-des-Arts, Paris 6), 2022-2023 © Ymane Chabi-Gara, Adagp, Paris, 2022. Photo. Archives kamel mennour. Courtesy the artist and kamel mennour, Paris

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