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33 & 36 Rue de Seine, 75006, Paris, France
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Fri 1 Apr 2022 to Sat 28 May 2022

33 & 36 Rue de Seine, 75006 Virginie Yassef: Dogs Dream

Mon-Sat 10.30am-7.30pm

Artist: Virginie Yassef

36 rue de Seine

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Installation image for Virginie Yassef: Dogs Dream, at Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois Installation image for Virginie Yassef: Dogs Dream, at Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois Installation image for Virginie Yassef: Dogs Dream, at Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois Installation image for Virginie Yassef: Dogs Dream, at Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois Installation image for Virginie Yassef: Dogs Dream, at Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Why shouldn’t we grant dreams what we sometimes deny reality: the value of certainty...?

Anthropologist Eduardo Kohn studied the cosmology of the Runa, according to which dreams – the product of the ambulations of the soul – allow humans to escape the certitude of our exception. That very same certitude which prompted the Western world to warrant our creations as ‘culture’ and to ascribe to ‘nature’ that which we cannot comprehend, the untamed, the untamable. Only through dreams do we rid ourselves of this “cosmological autism,” (1) this ontological insularity, and finally dialogue with other species, dead and alive, finally recognize their agency and their capacity to think. What we must acknowledge is that dreams, just like conscious thought, are not a human prerogative. Dogs, too, dream, and in their dreams they probe the tremors of the Earth.

Virginie Yassef’s ‘visions’ – yielded by her environments, films, stagings, and photographic series – follow the path of dreams in order to depict relationships between species, to blur perception, and to guide it beyond the limits of human perspective in a maze of sounds and signs. If no scientific analysis ever proved that dogs’ behavior could warn us of earthquakes, how then do we rationalize their troubled sleep before the seism, their palpitating nostrils, their ears pressed against the muffled rumbling of the asphalt?

Against the myth of method, then, the method of myth. Virginie Yassef is fascinated by the Throne of Blood, cinematographic masterpiece of the 1950s by Akira Kurosawa, revisiting the story of Macbeth in a feudal Japan covered with a forest peopled with wraiths and prophetic animals – Yassef, a spiritualist rather than a scientist, presents an exhibition where the enigma is not meant to be solved, a daydream which no one can interpret, a bridge between human and non-human.

In Kurosawa’s film, the samurai are faced with a dilemma metaphorically or tragically echoing our contemporary condition. Are we to fight or to lock ourselves in the fortress? Should we choose combat, we must brace ourselves for a journey through plowing branches, guided only by the cries of birds of ill fortune across a forest labyrinth. “Taking the path of the demon,” (2) which leads to the heart of the spider’s web. In this forest of pasteboard beams, which “concretely reveal things that do not exist” (3) through a spatialized soundtrack, Virginie Yassef invites us to navigate between the natural and the artificial, to cease opposing them, to conflate them even.

If Eduardo Kohn, like a shaman or a cosmic diplomat, encourages us to dream with dogs and think like forests, Virginie Yassef’s illusionist power succeeds in defying the physical limits of reality, through interwoven sounds and images born from scratch and “[creating her] reality through false things.” (4)

Tristan Bera

(1) Eduardo Kohn, “How dogs dream: Amazonian natures and the politics of transspecies engagement”, American Ethnologist, Vol. 34, No. 1, 2007, pp. 3–24, by the American Anthropological Association. Online publication.
(2) Excerpt from the Throne of Blood (蜘蛛巣城, Kumonosu-jo) by Akira Kurosawa (1957).
(3) Virginie Yassef in conversation with Philippe Quesne and Julie Pellegrin, in Virginie Yassef, Digressions 04, Centre d’art contemporain La Ferme du Buisson, in collaboration with Captures Éditions, 2018
(4) Ibid




Pourquoi n’accorderait-on pas au rêve ce qu’on refuse parfois à la réalité, soit cette valeur de certitude... ?

Selon les Runa d’Amazonie, dont l’anthropologue Eduardo Kohn a précisément étudié la cosmologie, grâce aux rêves, ces produits de l’errance de l’âme, nous, les humains, pouvons échapper à la certitude de notre exception, celle-là qui a poussé l’Occident à nommer « culture » ce que nous créons et dont nous pouvons nous prévaloir, et « nature » tout ce reste incompréhensible, indompté encore, voire indomptable. C’est grâce aux rêves que nous pouvons nous affranchir de cet « autisme cosmologique » (1), sortir de cet isolement ontologique et entrer, enfin, en communication avec les autres espèces, vivantes et mortes, reconnaître, enfin, leur puissance d’agir et de penser. Car, ce qu’il faut comprendre, c’est que le rêve, comme la pensée, n’est pas un privilège humain. Les chiens rêvent aussi et dans leurs songes ils sondent les tremblements de la terre.

Les œuvres ou plutôt les « visions » qu’offrent les environnements, les films, les mises en scène
et les ensembles photographiques de Virginie Yassef empruntent cette voie du rêve pour illustrer les relations entre espèces, dérouter la perception et l’accompagner hors des limites de la perspective humaine, dans un labyrinthe de sons et de signes. Si aucune analyse scientifique n’a jamais prouvé que le comportement des chiens pouvait annoncer les tremblements de terre, comment expliquer dès lors leur sommeil agité avant le séisme, leurs narines qui palpitent, leurs oreilles collées sur l’asphalte qui gronde sourdement ?

Contre le mythe de la méthode, il y a la méthode du mythe. Fascinée par Le Château de l’araignée, ce chef-d’œuvre cinématographique des années 1950 signé Akira Kurosawa, qui revisite l’histoire de Macbeth dans un Japon féodal peuplé de forêts hantées de spectres et d’animaux prophétiques, Virginie Yassef, plus spirite que scientifique, propose une exposition sous la forme d’une énigme à ne pas résoudre, un rêve éveillé dont les clefs d’interprétation n’appartiennent à personne, un trait d’union entre les mondes humain et non-humain.

Dans le film de Kurosawa, les samouraïs sont face à un dilemme qui résonne métaphoriquement,
si ce n’est tragiquement, avec notre condition contemporaine. Faut-il se battre ou rester confiné dans la forteresse ? Si on choisit le combat, alors il faut se préparer à se frayer un chemin parmi les branches qui ploient, à n’être plus guidé que par le cri des oiseaux de malheur, à se perdre dans le labyrinthe de la forêt. « Emprunter la voie du démon » (2) qui mène au cœur de la toile de l’araignée. Dans cette forêt de poutres en carton-pâte, faisant « apparaître concrètement des choses qui n’existent pas » (3) à l’aide d’une bande-son spatialisée, Virginie Yassef invite aussi à naviguer entre le naturel et l’artificiel, à cesser de les opposer, à les confondre même. Si Eduardo Kohn, tel un chamane ou un diplomate cosmique, convie à rêver avec les chiens et penser comme les forêts, le pouvoir illusionniste de Virginie Yassef parvient, en entrelaçant des sons et des images créées de toutes pièces, « [en créant sa] réalité avec des choses fausses » (4), à défier les limites physiques de la réalité.

Tristan Bera

(1) Eduardo Kohn, “How dogs dream: Amazonian natures and the politics of transspecies engagement ”, American Ethnologist, Vol. 34, No. 1, 2007, pp. 3–24, par l’Association Américaine d’Antropologie. Publication en ligne.
(2) Citation extraite du Château de l’Araignée (蜘蛛巣城, Kumonosu-jo) d’Akira Kurosawa (1957).
(3) Virginie Yassef en conversation avec Philippe Quesne et Julie Pellegrin, in Virginie Yassef, Digressions 04, Centre d’art contemporain La Ferme du Buisson en collaboration avec les éditions Captures, 2018.
(4) Ibid.

Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris Photo : Aurélien Mole

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