76 rue de Turenne, 75003, Paris, France
Open: Tue-Sat 10am-6pm
Sat 26 Apr 2025 to Sat 24 May 2025
76 rue de Turenne, 75003 Barry McGee: I’m Listening
Tue-Sat 10am-6pm
Artist: Barry McGee
version française ici
Perrotin Paris presents its second solo exhibition with Barry McGee, his sixth with the gallery. Emerging from the vibrant West Coast subculture of skaters, surfers, and graffiti writers that informs his art, San Francisco-based Barry McGee (b. 1966) is a leading figure of the influential Mission School, a 1990s San Francisco movement known for its handmade aesthetic and social activism. Operating under various aliases, most notably Twist, McGee integrates his early experiences as a graffiti writer and printmaker into a diverse multidisciplinary practice. His work encompasses meticulously painted caricatures of society’s outcasts, particularly the homeless population of San Francisco, dynamic panel assemblages, complex patterns reminiscent of op art, and immersive installations that explore the human condition. His exhibitions often foster a sense of community by including contributions from his peers and recent encounters. The following text was written by art critic and curator Richard Leydier on the occasion of this exhibition.
Barry McGee lives in San Francisco—he was born there and he lives there. This fact is important, because his art would be profoundly different had he chosen to move to another American city. The hippie history of this northern Californian city is quite well known, as is its musical lineage, from Carlos Santana to the band Love. But people are less aware of its influential artistic movements, such as Richard Diebenkorn’s Bay Area Figurative Movement or the more abstract Dynaton group featuring Lee Mullican and Gordon Onslow-Ford. McGee’s art has drawn on these worlds, and in the early 1990s he became a key figure of the Mission School movement, alongside artists like Chris Johanson, Alicia McCarthy, and Margaret Kilgallen. He also participated in the seminal 2004 exhibition Beautiful Losers, a legendary show put together by the critic, gallerist, and poet Aaron Rose at the Yerba Buena Center in San Francisco, alongside Tom Sachs and Harmony Korine.
San Francisco is also home to Jack London (1876–1916), a prolific writer who, despite his short life, explored themes of vagrancy and social injustice, rooted in his own experiences as a hobo and social activist, participating in the 1894 march on Washington. In recent years, with the arrival of fentanyl, San Francisco has visibly changed due to increased numbers of what are known as “zombie druggies.”
McGee’s art, informed by lowbrow culture and vernacular art, originates from and maintains a strong connection to the street. He operates not only within the established world of contemporary art, but is also known in the graffiti world, operating under aliases such as Twist or Lydia Fong. He engages in interventions in abandoned areas, usually at night, where he makes his mark, cutting fences or spray-painting concrete walls. The exhibition showcases many objects found during this “urban drifting” - akin to aimless skateboarding - transformed by the artist’s hand. This process of transmutation changes the mundane into something positive and beautiful. The inscription “FYUD”, an acronym for “Forget Your Unfortunate Delusions.” represents the fight against fascism.
I’m Listening. But to what? Barry McGee asks us. Our current era has been disagreeably disrupted by a permanent background noise that worms its way in everywhere, covering all the vibrant sounds of life - the breaking waves, the birdsong... It is what is called the "noise of boots”. And for an artist, it is especially unbearable to hear, because it constricts the very possibility of freedom. There are many grimacing faces here: “I focus on everything that is shitty on our little planet right now. But I also celebrate all these incredible things that humans invent to stay positive and healthy,” the artist says. The recurring motif of cherries is important: “For me, this fruit symbolizes hope and eternal love”. They represent a beacon of light in the face of despair - just like his astoundingly beautiful geometrical paintings with their infinite lines of convergence. It’s the time of cherries and of the enduring cycle of spring and renewal.
Barry McGee’s exhibitions are characterized by their abundance and generosity. Every corner is filled with art, and the artist’s creativity is splashed onto all kinds of media: glass bottles, surfboards, discarded objects, canvases, drawings. Sometimes, almost like art brut. Welcome to North Cal.
Richard Leydier, art critic and curator
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Perrotin a le plaisir de présenter la sixième exposition personnelle de l’artiste Barry McGee, la deuxième dans la galerie de Paris. Issu et imprégné de la vibrante sous-culture de la côte ouest des Etats-Unis - celle des skateurs, surfeurs et graffeurs - Barry McGee (né en 1966), basé à San Francisco, est une figure majeure du Mission School, un mouvement influent des années 1990 à San Francisco, reconnu pour son esthétique artisanale et son engagement social. Opérant sous divers pseudonymes, notamment celui de Twist, McGee intègre ses premières expériences de graffeur et de graveur dans une pratique multidisciplinaire foisonnante. Son œuvre réunit des caricatures minutieusement peintes des marginaux de la société - en particulier les sans-abri de San Francisco-, des assemblages dynamiques de panneaux, des motifs complexes rappelant l’op art, ainsi que des installations immersives explorant la condition humaine. Ses expositions suscitent bien souvent un esprit de communauté et intègrent des contributions de ses pairs et de récentes rencontres. Le texte qui suit a été rédigé par le critique d’art et commissaire d’exposition Richard Leydier à l’occasion de cette exposition.
Barry McGee vit à San Francisco (il y est né et il y vit). Ce fait a son importance car son art serait sans doute très différent s’il avait par la suite choisi de s’installer dans une autre ville des États-Unis. On connait un peu l’histoire hippie de cette cité du nord de la Californie, sa tradition musicale avec Carlos Santana ou le groupe Love, mais moins les mouvements artistiques qui s’y sont succédé, comme la Bay Area Figurative Movement de Richard Diebenkorn ou, dans un genre plus « abstrait », le Dynaton de Lee Mullican et Gordon Onslow- Ford. L’art de McGee s’est nourri en partie de ces univers et il fit partie au début des années 1990 du mouvement de la Mission School, auquel participèrent également Chris Johanson, Alicia McCarthy ou Margaret Kilgallen. Avec Tom Sachs ou Harmony Korine, il figura au line-up de Beautiful Losers, légendaire exposition organisée par le critique, galeriste et poète Aaron Rose au Yerba Buena Center (San Francisco) en 2004.
Mais surtout, San Francisco est la ville de l’écrivain Jack London (1876-1916), auteur prolifique en dépit de sa courte vie, qui manifesta son intérêt pour les sans-abris, les hobos, les vagabonds, dont il fut lorsqu’il marcha sur Washington en 1894 et devint socialiste. Au cours des dernières années, avec l’avènement du fentanyl, San Francisco a changé de visage du fait de la multiplication de ce qu’on nomme les « drogués zombies ».
L’art de McGee, nourri de lowbrow et d’art vernaculaire, vient de la rue et d’une certaine manière y conserve un ancrage fort. Il opère non seulement dans le monde établi de l'art contemporain, mais il jouit également d'un statut de culte vénéré dans le monde du graffiti. Opérant sous divers pseudonymes, comme Twist ou Lydia Fong, il a mené pendant des années des actions, la plupart du temps nocturnes, dans des territoires délaissés qu’il marque de son empreinte, cisaillant les grillages ou peignant les murs de béton à la bombe aérosol. Cette exposition comprend ainsi beaucoup d’objets trouvés au cours de ces «dérives urbaines» (qui ne sont pas si éloignées de l’errance en skateboard), transformés par l’artiste. Il est donc question de transmutation, de changer « l’ignoble » en quelque chose de positif et de beau. L’inscription FYUD a trait à la lutte contre le fascisme. L’Acronyme signifie “Forget Your Unfortunate Delusions”.
I’m Listening. J’écoute mais quoi, nous dit Barry McGee? Dans ce moment particulier sourd désagréablement un bruit de fond permanent. Il s’insinue partout, couvre tous les bruits auparavant porteurs de vie, le son des vagues qui se brisent, le chant des oiseaux... C’est ce qu’on appelle le bruit des bottes. Et pour un artiste, il est particulièrement insupportable à l’oreille car il réduit la perspective de liberté à une peau de chagrin. On compte ici beaucoup de faces grimaçantes: «Je me concentre sur tout ce qui est actuellement merdique sur notre petite planète. Mais je célèbre aussi toutes ces choses incroyables que les humains inventent pour rester positifs et en forme», nous dit l’artiste. Les tableaux de cerises ont leur importance: «Ce fruit symbolise pour moi l’espoir et l’amour éternel», ajoute McGee. Ils représentent une échappatoire quand tout semble perdu. Tout comme ses tableaux géométriques, d’une beauté stupéfiante, recèlent d’infinies lignes de fuite. C’est le temps des cerises et ce printemps qui revient immanquablement, amenant une renaissance régénératrice.
Ce qui caractérise toute exposition de Barry McGee, c’est la profusion et la générosité. Chaque recoin est envahi par les œuvres, et la créativité de l’artiste éclabousse tous types de supports: bouteilles de verre, planches de surf, objets déclassés, toiles, dessins... On n’est parfois pas très loin de l’art brut. Welcome to North Cal.
Richard Leydier, critique d’art et commissaire d’exposition